Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
l'esbroufe
24 avril 2019

absence

Là où j’aurais posé tout un petit bazar, crayons, carnets, feuilles volantes déjà griffonnées ou pas encore, mentalement pleines des mots que l’encre saurait ou aurait su matérialiser, là donc, sur ce bureau, rien. Un espace rectangulaire entièrement voué à recevoir l’accumulation du temps, mais entièrement vierge.

J’étais planté depuis quelques dizaines de minutes au beau milieu de la pièce où le retrouver relevait de l’évidence. J’étais là, dans ses murs, blancs comme peut l’être le manteau neigeux qui recouvre la plaine, laissant à mes pas feutrés, qui le parcourent, la morne plainte du craquement. Pas une image, pas une affiche, pas un mot, même timide, pour annoncer la moindre couleur. Là encore, rien.

Luminaire résumé à un fil au bout duquel se balance une douille coiffée, à l’envers, d’une ampoule, sorte de reflet de ma présence à l’aplomb duquel je me trouve. Lit calé dans un coin de la pièce, sans tête, sans pied, drap blanc jeté dessus pour en dissimuler l’inutilité. Une chaise en guise de table de chevet, à moins que ce ne soit rien de plus qu’une chaise en guise de chaise. Une pièce, une cellule, un cachot où peu à peu le libre arbitre finit par abdiquer et ne laisse au choix de sortir ou de rester que l’infime illusion de le posséder encore.

Dans la pénombre que les persiennes closes imposent à la lumière, bravant lamentablement le soleil, et parce que je sais qu’il ne viendra plus, pour peu qu’il soit venu ici un jour, je décide in extremis de tourner les talons.

Ma solitude en ces lieux pèse sur ma solitude en tout autre tant le vide existentiel s’est ici chargé de mettre en scène, par l’absence de tout, sa vaine présence.

Publicité
Publicité
Commentaires
l'esbroufe
Publicité
Archives
Publicité