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l'esbroufe

20 novembre 2020

Ma vérité

Ma vérité, c'est ce bonbon à la fraise que je mets dans ma bouche en m'efforçant par tous les moyens de lui donner ce goût de menthe que j'aime tant et que je lui préfère.

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1 octobre 2020

Ce qui est dit est dit...

Je fais le souhait de voir tous les gens qui ont envie de dire "j'ai envie de dire" finir par dire ce qu'ils ont à dire et cesser de n'en avoir que l'envie. Je fais un souhait semblable en ce qui concerne tous les gens qui vont dire "on va dire" alors qu'ils ont déjà dit ce qu'il s'apprêtaient à dire. 

7 juin 2020

Constat

La pandémie avait cloué les avions au sol et l'on commençait à prêter à la nature des intentions et une conscience face auxquelles l'homme était le maillon faible. L'humanité était malade ou candidate à le devenir. Gorge, poumons, système respiratoire, mais aussi tube digestif, intestins. Les entrailles des uns semaient une sourde panique dans la tête des autres. 

Malade, l'humanité l'était aussi d'ignorer comment sauver ce qui pouvait l'être et se prémunir des lames de fond que promettaient les estimations les plus optimistes. Peu à peu, à force de ne plus savoir à quel saint se vouer, et pour ne pas rester les bras ballants en attendant que passe l'orage dont la réalité sémantique élèverait bien assez tôt au rang de tsunami, les gouvernements avaient fini par ériger la communauté scientifique mondiale en oracle. Désormais, à mesure que chaque pays avançait ses pions sur l'échiquier de la prise de décisions, toutes plus discutables les unes que les autres, la caution scientifique appliquait à chaque citoyen la petite noisette de vaseline indispensable à sa résignation grandissante. Résignation qui mènerait, à grand renfort de termes choisis lors des prises de parole de tous les dirigeants que comptait ce monde - monde que naïvement nous pensions nôtre - à l'avilissement le plus radical, mais au silence également, ce même silence qui précède la mort quand il n'en est pas l'annonciateur. 

Dans l'espace aérien, plus un trait de fumée blanche pour balafrer le ciel, plus un cargo chargé jusqu'à la gueule et plus un bateau, véritable building flottant à l'horizontale, de croisière pour sillonner les océans et les mers. Sur terre, les véhicules roulant du bitume et du rail étaient relégués à l'inutilité dont ils devenaient un des symboles. Et bien qu'un excès d'anthropomorphisme en des mots mal choisis eût nui au constat qu'il fallait pourtant bien faire, la nature soufflait.

Il aura suffi d'une petite affection, pas plus meurtrière en nombre qu'un crash automobile ou qu'une addiction tabagique, tant s'en faut, pour que l'homme, dans son inactivité par décrets ministériels imposée, se voie mettre au ban du monde dont il se croyait maître. Quelle ironie, quand on y pense. Tous ces siècles consacrés à son déploiement en des conquêtes abjectes, que seuls l'appât du gain et la soif de sang auront toujours motivées, pour en arriver là. L'homme, dont la présence disséminée sur toute la surface de la planète demeurait l'évident stigmate de sa sinistre appropriation, avait brutalement réduit son territoire à quatre murs et un toit et pendant tout ce temps, la nature soufflait.

Pas le moindre message, pourtant. Pas le plus insignifiant indice porté au regard de l'humanité captive de sa peur. Pas le moindre début d'un dialogue, pas de signe. La nature, qui n'a jamais rien revendiqué en réaction à toutes les annexions successives auxquelles elle s'est pliée, reprenait sa place en occupant, sans précipitation, sans tambour ni trompette, l'espace devenu vacant. 

Humblement? Même pas. 

 

 

30 mai 2020

Seul un cheval...

Un cheval tirait une charrette. Harnaché, solidement solidaire de cet amas de bois et de métal assemblé en plateau et ridelles que deux roues faites de bois et de métal portaient, il allait par les chemins. La tête se balançant mollement de gauche et de droite pour accompagner le mouvement du reste de son corps pesant. Seul depuis des mois, le cheval errait en traînant derrière lui son fardeau, comme le ferait une limace affublée d'une inutile coquille. La nourriture ne manquait pas, l'eau ne manquait pas, il n'y avait qu'à se baisser pour manger et pour boire, mais le cuir en lanières agencé maintenait sans relâche sa tête, son cou et ses épaules, donnant à ce simulacre de liberté les saveurs de l'entrave. 

Un jour comme les autres jours, un jour comme la routine sait en enfiler en perles toutes identiques sur le fil d'un collier sans grande originalité, le cheval avait occupé son temps à faire ce qu'on lui demandait de faire, bête de somme et compagnon de l'effort, et puis l'homme s'était lourdement affalé à ses côtés. De manière aussi soudaine que brutale. Remuant et soufflant puis s'immobilisant. Le cheval était resté là, un bon moment, comme interdit et perdu dans l'immensité des questionnements qui, par d'impalpables bulles, peinaient à se former dans son esprit ainsi malmené. L'espace d'une singulière éternité, il avait attendu que l'homme se décide à ouvrir un œil puis l'autre, à poser une main sur le sol et prendre appui avec la seconde pour s'asseoir, se redresser et adopter de nouveau une position d'homme. Ce qui ne se produisit pas, du moins pas durant tout ce temps. C'est la nuit tombante qui l'avait poussé à prendre l'initiative du départ, chose incongrue. Lui et son boulet à deux roues avaient repris comme à son habitude quand finissait la journée, le chemin de la ferme.

Après quelques jours passés dans la cour à ne rien faire si ce n'est se nourrir, le cheval s'était mis en route en tirant la charrette dont l'homme n'avait pas eu le temps de le libérer. Seul. 

28 mai 2020

Témoin de tout et décideur de rien.

La petite route, dont l'enrobé grossier et granuleux serpente au milieu des prés, se borde d'une dentelle hirsute. À mesure qu'il progresse, les haies forment une enceinte tantôt clairsemée tantôt infranchissable d'où émergent à intervalles irréguliers ici un chêne tentaculaire, là un cerisier sauvage. Le printemps bien entamé ajoute à la densité colorée, qui s'offre à ses yeux partout où il les pose, les senteurs enivrantes d'une flore à pied d'œuvre. De tous côtés, le bourdonnement des insectes butineurs en fond sonore et autour de lui, les anarchiques couloirs aériens d'une faune hyperactive et désordonnée, en apparence. Papillons, mouches, bourdons et abeilles, passereaux. Et ce joyeux bordel, que la brise tiède stimule plus qu'elle ne dérange, ce spectacle d'une morne banalité pour qui le traverse à l'abri hermétique et climatisé d'un véhicule à moteur, lui, c'est à pied qu'il s'y plonge, d'un pas léger, mais décidé, véloce, mais flâneur. 

Toute cette gamme de verts, qui peut aller du fluo au bouteille, emplit son être jusqu'à la satiété et relègue sa condition d'homme bien plus au rôle de celui qui assiste que de celui qui de quoi que ce soit aurait la maîtrise. Il n'est rien qu'il puisse faire ici pour changer le plus petit détail et améliorer à sa convenance l'ordre établi qui règne. Rien qu'il soit en mesure de revendiquer ou d'annexer. Témoin de tout et décideur de rien, sa place de marcheur matinal, il ne l'échangerait contre aucune autre. 

Évoluant au gré des remous topographiques, la sensation d'être submergé par le décor succède à celle de dominer l'horizon, mais jamais il n'a le sentiment de préférer aux creux les bosses. Dévaler pour mieux gravir, gravir pour mieux dévaler, tel est le programme sans cesse répété, bien qu'échappant à toute routine, de ces instants.

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26 mai 2020

Les temps sont durs, serrons-nous les coudes (a-t-il certainement voulu me dire).

- bonjour c'est du Photoshop pas du dessin ?

- Bonjour, c'est du dessin, pas du Photoshop.

- Je suis du métier je connais les contours du dessin et ceux de l'ordinateur bonne journée

- Votre premier message était donc une affirmation suivie d'un point d'interrogation. Vous auriez gagné en franchise en annonçant la couleur. Photoshop est pour moi un outil me servant à travailler sur les photos qui me servent de modèle. Je ne travaille pas sur des modèles en chair et en os, mais il s'agit bien de dessin, n'en déplaise au fait que vous soyez "du métier". Et si vous ne concevez pas que l'ordinateur puisse être un outil intervenant dans le processus qui est le mien, préalablement à la réalisation à la main d'un dessin fait d'encres, noire et blanche, et de vernis posés sur du papier prévu à cet effet, je ne peux rien pour vous. Bonne journée en retour.

- Pour moi c'est pas honnête c'est tout on arrête la bonne journée

- Commencer ce dernier message par "Pour moi" est un aveu de subjectivité auquel je ne puis répondre que par: voilà un point de vue. Quant à la notion d'honnêteté et le caractère péremptoire de votre discours, je vous les laisse pour ce qu'ils valent. Tout comme je vous laisse à l'académisme dont vous vous faites l'archaïque représentant. Les impressionnistes de la fin du XIXè et tout le courant abstrait du début du XXè qui s'ensuivit ont eu affaire à des attaques au moins aussi discutables que la vôtre. Je ne vous salue pas, tout compte fait. Et je vous invite à mon tour à cesser ce ping pong stérile.

 

Échange subi, dont la première banderille m'est venue d'un certain alain, génie méconnu aussi anonyme que laconique.

26 mai 2020

face à face

Vieillir, c'est se regarder dans le miroir et faire l'expérience quotidienne de la nouveauté, cette nouveauté que la dégénérescence cellulaire en bande organisée nous ferait prendre pour de la décrépitude. 

2 mai 2020

projet de vie

Détenir, du moins le penser, une vérité, sa vérité, la vérité, c'est se donner une contenance, mais aussi une constance, en attendant de crever.

8 avril 2020

la vallée sans eau

Alors que s'offre à nous le chemin, j'ouvre le petit mousqueton, qui libère le collier libérant ainsi le chien. L'effet laxatif sur cet être à poils longs et noirs, quoique blancs par touffes, est, comme chaque matin, immédiat. Déjà il s'est mis en position et l'air que j'interprète comme satisfait se lit sur son visage. Je l'attends en faisant comme si tout autre chose. Après tout, le regarder pousser sa crotte serait déplacé, pour lui comme de ma part. Nous reprenons notre balade. 

Là, le sentier, bien que battu, s'enfonce dans un coin de nature vierge. Les caprices du cours d'eau qui file dans la petite vallée vers laquelle nous nous dirigeons s'en remettent à la volonté non moins capricieuse du ciel de faire tomber ou non la pluie, alimentant ainsi les résurgences, qui elles-mêmes donnent à la rivière matière à être ou ne pas être. Aujourd'hui et depuis les dernières grosses averses, la rivière n'est pas et n'est plus qu'un lit de rochers burinés par les courants d'un passé sans âge, de cailloux en forme de galets et de sable. L'absence récurrente d'eau dans ce lit, à plus forte raison durant la saison estivale, explique à coup sûr la nature intacte et surtout, la providentielle absence de shorts en chapeaux, de lunettes multicolores en serviettes éponge bariolées, de pique-niques en parasols. De bruits incongrus cantonnant tous les autres au silence.

Quelques dizaines de mètres parcourus et nous voici témoins muets de la beauté pure, celle qui met tout le monde d'accord. À moins qu'elle ne donne à certains réfractaires à la vie hors la ville des accès d'angoisses auxquels je suis étranger. Le surplomb rocheux sur lequel nous nous trouvons à ce moment assure la mise en scène et le spectacle commence. Nous ne descendons pas en direction du lit à sec, nous nous immergeons dans cette beauté et la laissons nous envahir à mesure qu'elle nous invite à l'engouffrement consenti. Introspectif.

31 mars 2020

Spy José

San José me regarde et moi, de là où je me trouve, je regarde San José. J'ai la vue dégagée, libre et sans défaut sur la baie de San Francisco. Si je grimpe et m'écarte, là, c'est fou, je me vois sur Mountain View. Je descends, je fais les cent pas et me voilà à Santa Clara. Je prends la route et je roule sur Montague Expy, rien à dire, j'ai la classe en arrivant sur Milpitas. J'ai faim, il est tard et je dîne à deux pas d'Evergreen. Puis je monte et remonte tout là-haut, River Oaks, Renaissance, Alviso. Tout au loin, des oiseaux prennent leur envol direction Palo Alto, Redwood City, San Mateo. J'ai San José dans le dos et devant s'ouvre à moi San Francisco. I'm just a guy, you're just a map. So long, end clap.

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