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l'esbroufe
4 janvier 2016

La peau et l'encre

Je vois parfois, souvent, tout le temps des gens dont la peau est tatouée. Chaque arrivée prochaine de l’été ne fait qu’amplifier le phénomène en rendant visibles des morceaux de corps que l’hiver forçait à dissimuler. Bras, épaules, dos, mollets, cous, ventres.

Cela fait, du reste, quelques années que cette pratique est passée du stade de l’expression d’une envie de se distinguer du troupeau ou, de manière plus radicale, d’une rébellion farouche dressée comme un majeur à la face du monde à celui de l’évocation d’un plus grand-chose dont les contours assez flous auraient pour leitmotiv l’envie plus ou moins consciente de faire comme tous les autres, selon une courbe qui va grandissant et qui ne peut que ravir les professionnels du milieu.

L’évocation de ce plus grand-chose se vérifie d’ailleurs par l’incroyable manque d’inventivité des tatoueurs liée à une totale absence d’audace dont la clientèle fait preuve à travers la demande qu’elle leur adresse. Il résulte de ce triste phénomène une normalisation aberrante dont les codes se réduisent au langage d’une meute en manque cruel de vocabulaire et cette généralisation va complètement à l’encontre de ce que le tatouage fut et représenta à son origine, balayant dans son sillage le cri de révolte, de colère ou d’amour, contenu dans chaque dessin. Le tatouage comme objet de consommation de masse, il fallait y penser. Le 21e siècle l’a fait.

Je n’ai jamais franchi le seuil d’un salon de tatouage, bien que j'en eus formulé le projet des années auparavant, dessin fait de ma main à l’appui. Mais aujourd’hui, il n’en est évidemment plus question. Ce qui dans ma jeunesse passait pour un acte isolé réservé à un groupe en désaccord avec le discours du plus grand nombre n’est plus que le moyen d’en grossir les rangs, désormais. Impossible alors de se résoudre à y mettre un pied, même le gauche. Je me félicite de n’être pas passé à l’acte sans pour autant en tirer une fierté quelconque. Échapper à ce chant des sirènes va de soi. Un point c’est tout.

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